Visite de Koh Samui, la pluriconfessionnelle

Samui: ses temples, sa mosquée,

son église et sa synagogue...  

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La Thaïlande baigne dans le bouddhisme Theravada, Samui n'échappe pas à la règle. Chaque Baan (village) y a son temple qui gère le plus souvent l'enseignement scolaire.

Il y aurait 120 moines permanents sur l'île compte non tenu des moines temporaires, tout bon bouddhiste devant au moins une fois dans sa vie avant son mariage, l'avoir été pour quelques jours ou quelques semaines, en principe pendant la saison des pluies. Voilà un taux de "clérification" à faire pâlir de jalousie un évêque français! La plupart de ces temples ne sont que des lieux de culte qui hébergent en général l'école primaire, sans caractère architectural particulier. Mais allez donc assister discrètement au petit matin (8 heures) à l'ouverture des classes, au lever des couleurs devant les gamins en uniformes impeccables, au chant de l'hymne national et prières bouddhiques (dont les rares petits chrétiens et les petits musulmans sont paraît-il dispensés).

Le temple le plus couru est le Bouddha géant, une statue d'une douzaine de mètres de haut en plâtre doré, qui n'a rien d'original car il y en a comme ça dans tout le pays, mais son emplacement au sommet d'une petite île reliée à la terre ferme par une mauvaise route de terre est exceptionnel, la vue y est somptueuse, un peu de courage et allez y admirer le panorama au lever de soleil.  

Le guide vert Michelin (assurément le meilleur guide touristique français pour la Thaïlande) le gratifie du maximum de ses étoiles: vaut le voyage! Mais, passé le petit jour, l'ambiance ne prête plus guère à la piété et rappelle singulièrement ce que devait être celle du temple de Jérusalem avant que le Christ n'en chasse ses marchands à grands coups de fouet! Admirez-le ensuite depuis la plage de Bang Rak, la nuit, lorsqu'il est illuminé. Pour la pleine lune de Loï Kratong, en novembre, la foule des fidèles lance à l'eau les paniers en feuille de bananier éclairés d'une bougie, lesquels sont censés faire disparaître nos péchés au large, le spectacle est féerique.

Faites quelques centaines de mètres en direction de Choengmon, vous apercevrez sur la gauche, dominant un petit lac artificiel, le Wat (temple) de Plaïlam (Nuan Naram). Ces magnifiques bâtiments ont surgi du sol il y a trois ou quatre ans. Les réalisations architecturales modernes, sont souvent d'une réelle grandeur et d'une richesse qui nous laisse à penser ce que devaient être l'aspect des monuments d'Ayutthaya avant leur dévastation! Voilà un remarquable exemple d'un art raffiné, épris de la beauté des lignes et du chatoiement des couleurs: portes et fenêtres en bois massif ont été délicatement sculptées et polychromées de scènes représentant la vie du Bouddha.

L'intérieur du temple est couvert de fresques et de panneaux muraux polychromes du même style. Ils sont l'œuvre d'artistes anonymes qui ont œuvré tels des bâtisseurs de cathédrales. Virtuosité et qualité de l'inspiration sont un magnifique témoignage de la vitalité de l'art thaï moderne, soigneusement étrangère à toute influence occidentale. Là, l'ambiance est plus recueillie; allez ensuite prendre le frais sur le sala (pavillon ouvert) au bord du lac, achetez pour quelques bahts les graines que vendent les employés du temple pour nourrir les poissons sacrés, carpes et poissons-chat, vous ferez en plus une bonne action: les temples qui ne savent pas "se vendre" ne sont pas toujours riches, ils vivent et font vivre leurs écoles par les dons des fidèles. Ils affichent sans fausse pudeur le nom de celui ou celle qui a financé telle ou telle œuvre d'art. Dans les temples les plus modestes, c'est toujours celui de Sa Majesté le Roi qui vient en tête.

Continuez vers le sud, vous apercevrez sur le côté gauche, entre Lamaï et Hua Thanon, le temple du serpent, Sila Ngou, dans une végétation luxuriante. Un escalier bordé de Nagas (les serpents gardiens des enfers) conduit sur une petite plage.

 

Il est réputé pour son djédi (tchédi), contenant les reliques de son saint fondateur, lieu de pèlerinage très fréquenté des Thaïlandais. Il s'honore d'avoir reçu la visite du grand Roi Rama V, venu s'incliner, lors de l'une de ses nombreuses visites à Samui, devant celles du Bouddha.

Si vous serez reçu avec le sourire dans le petit village musulman de Hua Thanon, il n'est pas certain que l'on y voit d'un bon œil la visite d'un occidental à la toute nouvelle mosquée, le sens de l'accueil de l'Iman n'est apparemment pas partagé par toutes ses ouailles. Elle est éclatante de blancheur, sa sobriété contraste avec les ors des temples bouddhistes, à éviter en tous cas les jours de prière (vendredi).

 

N'oubliez pas que les musulmans sont réfractaires à la représentation de la figure humaine, et donc moins qu'ailleurs, ne prenez de photographies à mauvais escient, sans du moins avoir recueilli l'accord du pittoresque pêcheur dont vous souhaitez immortaliser le sourire.

Si vous continuez à suivre la route principale, en direction de Nathon, vous découvrirez sur la gauche le temple de Khunaram.

Sans intérêt architectural particulier, il exhibe le corps momifié d'un saint moine dont les Thaïlandais viennent vénérer la dépouille comme les catholiques le font, par exemple devant celle de Sainte Bernadette à Nevers. Il n'a peut-être pas été du meilleur goût de le transformer en site ultra touristique. Il n'y a probablement pas de miracle puisque de très nombreux temples thaïlandais conservent les corps de saints moines "momifiés".
       Il existe dans l'île au moins deux autres temples abritant la dépouille parfaitement conservée de saints moines, mais il semblerait que les bâtiments abritant les momies ne soient plus accessibles au public profane en dehors des jours de cérémonie. Laissons-les donc reposer en paix à la vénération des fidèles, et échapper à une curiosité parfois morbide. Pas de difficultés pour le localiser: il y a en général des rangs serrés de touristes japonais sortant de leurs autobus de luxe, appareils photo en bandoulière.

          Mieux vaut, quelques centaines de mètres après avoir quitté le village musulman, sur la gauche, vous arrêter au temple de Samret. Il est construit sur un site dont Maurice Barrés aurait dit qu'il "inspire l'âme", dans un puits de verdure, au milieu d'une végétation luxuriante. Si Saint Bernard avait habité Samui, je suis convaincu qu'il l'aurait choisi pour y édifier un monastère cistercien.

 

Il est le gardien d'un magnifique Bouddha couché, de marbre blanc, qui serait venu de Ceylan (Sri Lanka) il y a plusieurs centaines d'années et dissimule une galerie "secrète" contenant plusieurs dizaines de statues du Bouddh, aussi précieuses que vénérées. Il faut se la faire ouvrir par le personnel du temple, un moine est toujours là pour accompagner les rares visiteurs, leur faire faire "le tour du propriétaire", les conduire s'incliner devant un cénotaphe contenant les cendres d'un moine occidental, expliquer longuement les cérémonies de crémation, vous offrir quelques fruits…
       Les bâtiments conventuels sont de magnifiques bâtiments traditionnels en bois. Le temple est l'un des plus pauvres de l'île, ne l'oubliez pas lorsque vous glisserez un petit billet dans la boite à offrandes.

Immédiatement de l'autre côté de la route, un petit chemin de terre (difficile à trouver, demandez phrasilayawông) conduit, en direction de la colline au Bouddha de corail, en réalité une très ancienne statue du Bouddha en roche marine, en mauvais état de conservation, mais très fréquentée par les Thaïlandais dévots et les moines du temple de Samret sous la garde desquels il est placé. Ceux-ci l'appellent le Bouddha à la roche en argent pur en raison de la couleur blanche de la roche dans laquelle il est sculpté.

Immédiatement après avoir quitté le village de Hua Thanon, une route sur la gauche vous conduit à la Sainte Empreinte de Bouddha. Située à l'abri d'un petit sala, au sommet d'une butte, à côté du temple de Khaôlé, mal signalé, il ne s'agit évidemment pas de l'empreinte du pied du Bouddha (comme pourrait le laisser entendre la stupide traduction anglophone Bouddha footprint) mais de la représentation symbolique de la marche vers le Nirvana (le pied est le fondement du corps et dans ses titulatures, le Roi est aussi qualifié de "Saint pied royal " au sens de fondement sacré de la nation!).

Une petite centaine de marches à grimper dans une végétation luxuriante. Elles seraient venue de Birmanie, à dos d'homme, il y a plusieurs centaines d'années et présentent l'originalité d'être d'une taille exceptionnelle et de comporter quatre sculptures en superposition. Elle a aussi retenu l'attention du grand Roi Rama V lors d'une visite à Samui en 1888. Dans une lettre à son épouse principale relatant son pèlerinage, il précise qu'elle serait vieille de 500 ans. Si vous avez des difficultés à le situer, demandez le phra phoutha bat khaôlé.  

Lorsque vous serez à Nathon, ne manquez pas d'aller faire une petite visite au temple chinois (en descendant le rue principale, immédiatement à droite après la Siam City Bank). 

La décoration des quelques temples bouddhistes chinois de l'île est singulière, avec leurs énormes Bouddhas, moustachus et ventripotents. Celui-ci abrite une très ancienne carte (en jade?) représentant l'île de Hainnan dont sont originaires les nombreux chinois de l'île.

La petite église catholique Sainte-Anne, située à gauche à l'entrée de Nathon en venant du nord, n'a guère plus de 20 ans; les catholiques thaïlandais sont peu nombreux - 120 ou 150 à Samui. Les missionnaires catholiques, portugais puis français, n'ont jamais fait recette au Siam. Le clergé et la hiérarchie sont à ce jour totalement thaïlandais mais les Thaïlandais catholiques ont d'évidents problèmes d'identification dans un pays où la monarchie est étroitement liée au bouddhisme, donc il est difficile d'adorer à la fois Dieu et Rama V. 

 

Cette petite église est un bâtiment modeste qui conserve précieusement, comme beaucoup de lieux de culte catholiques thaïlandais, une décoration "Saint Sulpicienne" que les curés français ont fait disparaître [en France] de leurs chapelles, dans les années soixante: statues en plâtre polychrome et chemin de croix sanglants, délicieusement "kitch".

La grande église catholique de Surat-Thani exhibe une magnifique statue de Jeanne d'Arc toute en couleurs, armée de pied en cap (et j'ai pu admirer, dans une église à la frontière du Cambodge, celle de notre grand Saint Louis).

 

Ici, la paroisse est entourée d'un petit jardin fleuri qui conduit au cimetière catholique. Vous y apprécierez une reconstitution de la grotte de Lourdes et des statues polychromes grandeur nature (le Christ avec les petits enfants, le Christ au jardin des oliviers) pour tout le moins surprenantes, à 12 000 kilomètres de chez nous. La crèche de Noël n'a rien à envier aux plus belles crèches provençales. La petite chapelle catholique de Chaweng, à côté du poste de police, est une enclave anglophone en terre de Siam, je n'en dirai rien de plus, les prêtres thaïlandais y font de grands efforts pour célébrer une tardive cérémonie dominicale en anglais.

Patrick et Brigitte nous ont fait découvrir la très sobre synagogue de Chaweng. Qu'ils en soient remerciés. Une synagogue sous les palmiers méritait le détour. Mais les problèmes d'identification sont là, encore plus évidents. Aucune attache avec la Thaïlande. L'accueil d'un responsable israélien fut chaleureux. Il nous précise cependant qu'il n'y a pas, qu'il ne peut pas y avoir de Thaïlandais juifs! Les statistiques ont oublié les juifs de Thaïlande. 400 familles dans le pays, dont 10 à Samui, toutes israéliennes, et quelques résidents occidentaux de confession juive, ajoute-t-il.

 

Je n'ai pas la science infuse, le célèbre Quid me dit qu'il y aurait 200 juifs originaires en Thaïlande. C'est évidemment peu, probablement nés de couples mixtes? La synagogue (direction mer dans une petite venelle partant de la rue principale de Chaweng, pas moyen de vous tromper, suivez les panneaux Chabad [Shabbat] House doublés en caractères hébraïques) est un modeste [mais pieux] lieu de culte doublé d'un lieu d'accueil pour les résidents et les touristes de confession juive, la plupart israéliens, de passage.

La synagogue a été édifiée par le Rabin, de ses propres mains, il y a une douzaine d'années. Il y est tout autant le chef spirituel de la communauté qu'un "assistant social", il prêche par l'exemple, apportant son secours à ses coreligionnaires dans le besoin, la détresse et le désarroi, prisonniers, victimes d'accident de la circulation, etc… Le Sabbat/Shabbat y est célébré toutes les fins de semaine, du vendredi soir au samedi soir, et les cérémonies traditionnelles suivies de fraternelles agapes peuvent y regrouper de façon conviviale plusieurs centaines de personnes.

Que nul ne se méprenne, si mes propos peuvent sembler recouvrir une certaine ironie. Cette pluralité confessionnelle sur notre île - que chacun suive sa voie - me rappelle une parole de Mahomet "Nous n'avons envoyé de prophète qu'avec la langue de son peuple afin qu'il l'éclaire" (Coran XIV – 4).

 

 

Quelles que soient vos croyances, n'oubliez pas que les Thaïlandais conservent dans leur immense majorité le sens du sacré, qu'ils pratiquent le bouddhisme orthodoxe, le bouddhisme chinois ou l'une des trois religions monothéistes présentes sur l'île, et que dans tous ces lieux de culte, les signes extérieurs de respect sont de rigueur, soyez vêtus avec décence et déchaussez-vous (sauf à la Synagogue!).

          NB. Depuis que j'ai écrit cet article, la synagogue s'est transportée dans un vaste bâtiment neuf. Je n'y suis pas allé mais je crains qu'elle n'ait perdu de son pittoresque.

Une escapade sur le continent

Dans l'immédiat voisinage de notre île, à une heure et demie de bac, nous sommes sur le continent. Le voyage en bateau par beau temps est un plaisir chaque fois renouvelé. Départ au petit jour, lever de soleil sur la zone côtière, retour en fin d'après midi, coucher de soleil sur les cinq îles aux nids d'hirondelles (1) et la colline de Talinngam abritant l'un des hôtels les plus luxueux de l'île. Une simple motocyclette nous permet de petites escapades merveilleuses. Attention toutefois, sur le continent, l'absence de port du casque est plus sévèrement contrôlée qu'à Samui.

          A la sortie du débarcadère, suivez la route nationale à droite en direction du nord, vers le village même de Donsak. Il est à 6 kilomètres du port sur la route de Suratthani. Vous avez déjà vu apparaître, resplendissante de blancheur au lever du jour, sur les hauteurs, la flèche de son djédi (tchédi) dominant la mer.

 

C'est le temple de Khaô Souwanpradit (le temple de la montagne d'or), l'un des plus beaux de la région. En dehors de tout circuit touristique, il est un haut lieu du bouddhisme du sud de la Thaïlande.


         Il abrite, dans une chapelle située sur la gauche au pied de la colline, la dépouille mortelle du saint fondateur du temple, venu de Chiangmaï, à la tête d'un groupe de moine pour prêcher et y construire le temple, à partir de 2525 (1982).

Un petit étang abrite poissons sacrés et tortues marines. Si les heures sont à la réaction, les "enfants du temple", petits orphelins élevés par les moines (et ils sont nombreux), se précipiteront vers vous pour vous demander de poser sur une photo de groupe, souriants et piaillant.

  

Quelques mètres pour rejoindre un grand hangar à ciel ouvert qui abrite un étrange cétacé d'une bonne dizaine de mètres. Au sommet d'une petite colline, le Mont chauve s'élève un magnifique djédi (chédi) en marbre et bois précieux, accessible par un long escalier bordé de Nagas, les serpents sacrés, et éventuellement par la route si vous n'êtes pas courageux.

 

De son sala, tout en haut de la colline, la vue est surprenante, unique. Les jours ensoleillés, Samui surgit à l'horizon au-dessus d'une mer indigo. Un petit musée (demander à un moine de vous en ouvrir la porte) très éclectique présente divers objets pieux relativement anciens, animaux naturalisés, souvenirs de la fondation du temple. Que vous soyez dans la chapelle contenant la dépouille mortelle du Saint ou à l'intérieur du djédi (chédi), n'oubliez que ce sont lieux de prière et non des musées!
       Le petit village de Donsak vit de la pêche, il y a de quoi vous restaurer (à la façon locale!). Faites un petit tour sur le port de pêche, il est en pleine activité. A l'embouchure de la rivière, vous localiserez sans difficultés un restaurant en terrasse au bord de l'eau. Il vaut le détour à la fois par la qualité de sa cuisine (fruits de mer évidemment, ne demandez pas un steak-frites!) que par le pittoresque et la gentillesse du personnel. Attention, comme beaucoup de restaurants en Thaïlande, la carte est uniquement en thaï (ben! voyons! ils sont chez eux) et les prix ne sont pas mentionnés.
       Si je dis «attention», ça ne veut pas dire que vous vous ferez arnaquer, ça veut dire que si vous n'êtes pas accompagné d'une personne lisant et baragouinant le thaï, vous aurez des difficultés à en découvrir les délices. On n'y parle évidemment pas anglais! Le village vit de la pêche et de la culture des fameuses huîtres d'estuaire. Il mérite mieux le nom de "village des pêcheurs" (fisherman village) que celui de notre île dont le dernier pêcheur a depuis bien longtemps abandonné ses filets pour se livrer à la promotion immobilière et aux joies de la conduite en 4x4. Faites tout de même attention car, hors tout circuit touristique, ses ressources hôtelières sont limitées et surtout sommaires.

 

Lorsque vous regagnerez la route du débarcadère, quelques centaines de mètres après le village, arrêtez-vous au «musée du poisson de pierre», sur la gauche en direction du port, pas d'indication en caractères romains, essayez de repérer un bâtiment à ciel ouvert portant une grande inscription (phi phit tha pan pla hin).

 

      Le maître des lieux est un ancien pêcheur thaïlandais qui sculpte dans la pierre poissons et animaux marins et reconstitue leur habitat naturel, ainsi que les espèces disparues. Voila une étape bien sympathique, une œuvre à situer entre celles du facteur Cheval et ce qu'il est de bon ton d'appeler dans le beau monde l'"art brut". C'est de l'art spontané à l'état pur, non encore pollué par les élucubrations de quelques esthètes en mal de remplissage de galeries à la mode.

Vous aurez quelques difficultés à repérer dans les environs, en direction du Sud-ouest, les chutes d'eau (nam tôk) de Wiphaôdi que les autochtones appellent nam tôk baan naï. Ne vous attendez pas à contempler des cascades alpestres, c'est tout simplement un agréable lieu de repos dans un nid de verdure, très prisé des Thaïlandais qui viennent volontiers y déjeuner sur l'herbe à leurs jours de repos.

A un kilomètre de là, allez admirer le superbe jardin des orchidées, souan klouéï maï, un lieu tout aussi magique, très prisé de la population locale.

 

Une échoppe y est réputée pour servir un succulent nam prik méngda, un mélange corrosif de piment et d'œufs de limule, les gastronomes de Suratthani font le voyage pour s'en régaler. Ces havres de paix sont ignorés de la plupart des cartes routières bilingues, ce qui ne vous rendra pas le voyage facile si vous ne lisez pas le thaï. De mauvais esprit diront que c'est là une lacune délibérée… Pensez ce que vous voulez, mais l'accueil que reçoivent les rarissimes Farangs qui s'y égarent démontre que le sourire siamois n'a pas disparu du pays.

 

Le débarcadère du village de Khanom a été supprimé. Mais ce petit village un peu assoupi mérite un détour. Dès la descente du ferry, prenez sur la gauche en direction de Nakhon Srithammarat. Il se situe à une trentaine de kilomètres au sud. C'est un village de pêcheurs typique. Passez votre chemin et immédiatement après le village (ressources hôtelières sommaires mais de bonnes échoppes de nourriture locale autour du marché), prenez la première route sur la gauche en direction de la baie de Naï plaô (hat naï plaô - la plage du repos).

Cette minuscule station balnéaire est un magnifique lieu de villégiature très prisé des autochtones. Il s'accroche à flanc de colline au dessus d'une baie féerique, la mer y prend des tons somptueux, bordée de rochers, elle donne à certains la nostalgie des calanques de la Méditerranée. Les ressources hôtelières y sont nombreuses. Tout au long de la plage, vous recevrez un accueil chaleureux dans les multiples «cabanes bambou» qui servent à manger de façon sommaire mais toujours souriante. Nécessité évidemment de parler local. A l'extrémité sud de la baie, un hôtel restaurant (pas de publicité déguisée, c'est le RatchaSiri) avec sa piscine suspendue sur les rochers en bord de mer et sa terrasse dominant sa toute petite plage, est un modèle d'architecture thaïe contemporaine. La cuisine y est bonne et si ça peut vous faciliter les choses, on y baragouine l'anglais et la carte est bilingue.

 

Et si vous n'êtes pas pris par le temps, empruntez (en évitant soigneusement la nationale) la petite route du bord de mer (n° 4232, absente de la plupart des cartes) en passant par la plage de Plaï Dam (la plage de l'éléphant noir), jusqu'au village de Sichon (pas de ressources hôtelières). C'est une succession de petites criques enchanteresses, la mer y est à vous et il y a toujours une petite échoppe thaïe pour vous y restaurer et vous rafraîchir.

Voila des étapes ignorées de tous les guides ou des sites Internet, c'est le calme: pas de go-go bars, pas de disco, pas de musique de sauvage, pas de racolage des tailleurs ou des chauffeurs de taxi, pas de pêche aux gogos à la palangrotte. Mais je rassure les noctambules, les établissements où les Thaïlandais s'amusent (et que la morale réprouve) existent en sachant rester discrets. 

Et comme partout dans la province de Suratthani, vous pourrez déguster les trois mets dont les officiels du tourisme de la province ont fait leur slogan, « Suratthani, le pays des cent îles, des ramboutans, des grosses huîtres, des œufs rouges, source de bonheur ».

J'ai déjà dit tout le bien que je pensais des huîtres, de Kandjanadit, essayez les œufs rouges, vous en trouvez sur tous les marchés, les ramboutans, ce sont les ngôs, ce petit fruit délicieux de la taille d'une grosse noix recouverte d'une chevelure crépue. Par assimilation, il a donné son nom aux Négritos, minorité tribale dont certaines familles se cacheraient encore dans l'extrême sud du pays et d'autres auraient purement et simplement disparu des îles de la mer d'Andaman lors du raz de marée de 2004, oubliées du Bouddha et de la bonne conscience universelle.

 

Texte: Bernard de Guilhermier

Photos: BdG et Guy Larrieu

 

(1) Vous trouverez à Samui des établissements qui donnent à grands frais des cours de cuisine thaïlandaise, je vous livre gratuitement et sans autre commentaire la recette des nids d'oiseaux relevée dans la relation du voyage des jésuites au Siam (1688) par le Père Tachard ("Voyage de Siam des pères jésuites envoyés par le Roi aux Indes et à la Chine avec leurs observations astronomiques, et leurs remarques de physique, de géographie, d'hydrographie et d'histoire"):

          "Nous avons vu à Siam certains nids d'oiseaux que ces peuples trouvent admirables pour les ragoûts, et excellents pour la santé, quand on y mêle du ginseng. On ne trouve de ces nids qu'à la Cochinchine sur de grands rochers escarpés. Voici comme on s'en sert. On prend une poule (celles qui ont la chair et les os noirs sont les meilleures.) On la vide bien, et prenant ensuite les nids d'oiseaux qu'on a laissé amollir dans de l'eau, on les déchire par petits filets, et les ayant mêlés dans du ginseng coupé par morceaux, on met le tout dans le corps de la poule qu'on fait bouillir dans un pot bien fermé, jusqu'à ce qu'elle soit cuite. On laisse ce pot sur la braise toute la nuit, et le matin on mange la poule, les nids d'oiseaux et le ginseng sans autre assaisonnement. Après avoir pris ce remède on sue quelquefois, et si on peut on s'endort là-dessus."

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Liens vers des sites en français sur Koh Samui:

 

SUPPLÉMENT 
THAÏLANDE-INFOS.NET 
Guide pratique, Info & Actualité de Thaïlande 
Ko Samui, mini guide pratique et touristique

 



07/02/2010
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