Vientiane, la cité… inédite
Vientiane ou la douceur de vivre
Il y a encore quelques années, la capitale du Laos faisait penser à une sous-préfecture d'un autre siècle, avec des rues poussiéreuses et un urbanisme laissant à désirer. C'est maintenant une belle ville radieuse où il fait apparemment bon vivre.
[crédit photo: jan-clod]
Si vous voulez faire une pause de quelques jours et trouver une alternative à l'agitation des circuits touristiques de l'Asie du Sud-est, visitez Vientiane, la sereine capitale du Laos. Elle offre quelque chose de particulier et d'inhabituel pour une ville asiatique de cette importance: le calme et la paix. Sa population n'atteint pas les 700 000 habitants (10 fois moins que Bangkok), répartis sur une conurbation étendue, avec une faible densité au km2, sauf les jours de fêtes religieuses. Car elle s'enorgueillit de nombreux temples et pagodes qui sont d'importants lieux saints contenant notamment des reliquaires (siamois et Khmers) et qui reflètent l'importance du bouddhisme au Laos.
[Le Mékong est sans doute la plus belle avenue de Vientiane]
Au Laos, le niveau du Mékong inquiète les pêcheurs
[crédit photo: jan-clod]
Située sur une courbe du Mékong, c'est une ville pleine de surprises. L'architecture Coloniale française y côtoie les temples dorés…
[crédit photo: jan-clod]
Hélas, au début des années 1990, Vientiane a connu une vague de constructions directement inspirées des architectes thaïlandais et leurs boîtes à savon aussi uniformes que répétitives. Heureusement, les abords du fleuve ont été épargnés et mis en valeur. Longtemps laissés dans l'ombre après la tombée du jour, ils sont maintenant éclairés et aménagés en promenade, avec des restaurants en terrasse.
Les couchers de soleil y sont sublimes
et comptent parmi les 'attractions' à ne pas rater.
[crédit photo: jan-clod]
Autres charmes caractéristiques de la ville: la grande majorité des bâtiments résidentiels et commerciaux n'ont qu'un ou deux étages, et la vie s'y écoule à un rythme lent, comme dans certaines petites villes de Thaïlande encore épargnées par la frénésie consumériste. La circulation n'est pas très dense : cela va de vieilles voitures russes à des Mercedes rutilantes ou des 4x4 dernier modèle, en passant par les mobylettes et les vélos. Les rues sont propres et bien rangées. La plupart des touristes sont des routards, ou bien des séniors, souvent en couple. Les étrangers se fondent dans la foule. On est loin de Khao San Road (Bangkok) ou Walking Street (Pattaya).
Captez la fréquence laotienne: louez une bicyclette, visitez un ou deux sites par jour pas plus, passez du temps au bord du Mékong à grignoter et étancher votre soif, vous serez conquis et régénérés. Si vous voulez vous faire balader, c'est très facile et peu onéreux en 'jumbo', 'touk-touk' ou 'sam-lau', ces triporteurs motorisés que l'on voit partout dans les rues (compter l'équivalent de 50 bahts la course en moyenne). Pour plus d'indépendance, scooters et motocyclettes sont disponibles à la location.
On peut aussi partir à pied se balader le nez en l'air, au gré du vent. Vous vous retrouverez forcément un soir à la jonction des avenues Setthathirath et Pankham, sur la place Nam-Phou (c.-à-d. de la Fontaine !) qui est un peu le centre gastronomique français à Vientiane. Mais toute la ville regorge de temples culinaires. Il y a une foultitude de bons restaurants locaux et internationaux (chinois, coréens, français, indiens, italiens, japonais, pakistanais, thaïs, vietnamiens…).
Question logement, il y a un grand choix d'hôtels ou de guest-houses confortables et à des prix accessibles, employant un personnel parlant généralement assez bien anglais (mieux qu'en Thaïlande), avec une attitude à la fois bienveillante et professionnelle.
[crédit photo: jan-clod]
Les sites à ne pas manquer
Le 'Morning Market' ou Talat Tchao (près de la Poste et de la gare routière): ce grand marché, au cœur de la ville, est ouvert tous les jours jusque dans l'après-midi et c'est là que vous pouvez trouver votre bonheur: soieries tissées à la main, cotonnades, objets artisanaux et autres souvenirs, bijoux en argent et or, quincaillerie… C'est toujours très animé, avec mille choses à voir et les marchands sont souriants.
[Crédit photo: Valoche / Titre: Un moine - Temple Vat Sisaket]
Non loin de là, on peut visiter le Vat Sisaket (du sanskrit sirsha, tête, et kesh, cheveu). C'est le seul temple de Vientiane qui a été épargné par les Siamois (lors de la destruction de la ville en 1828) et certainement l'un des plus intéressants de tout le pays.
[crédit photo: jan-clod]
Dans le hall principal, et le long des murs d'enceinte, des centaines de petites niches et étagères contiennent au total 6840 images du Bouddha.
[crédit photo: jan-clod]
En face se trouve le Wat Ho Phra Keo qui fut édifié en 1565 par le roi Jaya Sethathirath quand il déplaça la capitale de Luang Prabhang à Vientiane. Situé près du palais présidentiel, c'était le temple de l'ancienne famille royale. Il abritait le Bouddha d'Émeraude (d'un très beau jade, en fait), désormais au Wat Phra Keo de Bangkok (depuis la fin du 18ème siècle).
[crédit photo: jan-clod]
A 1km au nord, un autre repère incontournable: le Patuxay, prononcé Patou-tchaï (littéralement: porte de la victoire, du lao-thaï, pratu=porte et du sanskrit jay=victoire).
Construit en 1958 à l'extrémité nord de l'avenue Lane Xang, c'est une version locale de l'Arc de Triomphe, mais sensiblement plus haute, sept étages sans ascenseur. De l'intérieur, c'est un monstre de béton avec des décorations bouddhiques.
[crédit photo: jan-clod]
Il permet d'avoir un très beau point de vue panoramique sur la cité, au milieu d'un parc bordé de palmiers, avec des fontaines et des jets d'eau. Il était initialement appelé Anousavary (monument).
A moins d'1km et demi au nord-est du Patuxay on peut admirer ce qui fait figure d'emblème national: le Pha That Luang, un stupa doré de 45 mètres de haut, érigé en 1566 par le roi Jaya Setthathirath lorsque la capitale fut déplacée de Luang Phabang. Il fut restauré plusieurs fois, dont la dernière en 1935. C'est un haut lieu de prière fréquenté toute l'année par les moines et les laïques, avec son festival mi-novembre qui dure 3 jours et attire les foules. Il est censé contenir une relique du Bouddha. Symbole de l'unité nationale, c'est le monument le plus populaire du pays. Il figure sur les armoiries du Laos et les billets de banque.
[crédit photo: jan-clod]
Beaucoup d'autres temples méritent le détour mais il est difficile de [tous] les mentionner ici. Citons encore le Wat Simuang situé à l'angle (aigu) des avenues Samsenthaï
(1373-1416, «Seigneur de Trois cent mille Thaïs», fils et successeur de Fa Ngum) et Settathirat. Considéré comme le temple porte-bonheur de Vientiane, il abrite le pilier tutélaire (Lak Meuang) de la ville..
Le 'Lao National Museum': logé dans un grand immeuble colonial, sur l'avenue Samsenthaï (près du Lao Plaza Hotel et du Stade National). Auparavant appelé le 'Lao Revolutionary Museum', il expose au rez-de-chaussée des pièces certes historiques mais guère passionnantes. Le second niveau par contre glorifie la lutte héroïque du people lao contre les Siamois, les impérialistes français et américains, en montrant des pièces inestimables (et émouvantes) comme par exemple les chaussettes portées par les membres du Politburo quand il s'évadèrent de prison, ou encore l'extenseur (pour pectoraux) de Kaysone Phomvihane (Premier ministre en 1975, chef de l'État en 1991, décédé en 1992).
[crédit photo: jan-clod]
Les salles en fin de visite (portant sur le Laos post-révolutionnaire) sont des galeries de photos avec des thèmes aussi glamour que: «Les camarades de la VIIème session plénière du Congrès du Peuple Lao en train d'inspecter une chaîne de production d'engrais chimiques». La plupart des explications sont aléatoirement en anglais et/ou en français. Les traductions anglaises des légendes des photos sont souvent involontairement drôles. Entrée 5000 Kips, ouvert tous les jours de 08h00 a 16h00. Les sacs sont contrôlés par la sécurité…
Glossaire toponymique
En langue lao, Vientiane se prononce Wieng Tchan et se traduit par «la cité de santal». L'orthographe moderne et internationale de Vientiane provient d'une mauvaise translitération faite par les 'administrateurs' français peu doués pour la phonétique. Et Wieng, en fait, veut dire 'château-fort' mais la place a plusieurs fois été prise par les Birmans et les Chinois avant d'être rasée par les Siamois en 1828, pour être ensuite envahie par la jungle. Ce sont les Français, au demeurant excellents en génie civil, qui l'ont rebâtie à la charnière des 19ème et 20ème siècles, lui donnant son style colonial si particulier (néanmoins, pas aussi marqué que Phnom Penh et Saigon).
D'après Michel Lorrillard, actuel responsable du centre EFEO [École française d'extrême Orient] de Vientiane (à qui nous avons posé la question): «Personne n'a su jusqu'à présent présenter une hypothèse satisfaisante pour l'origine du nom "lao". Le terme semble toutefois venir du sud de la Chine, où il aurait désigné des populations 'tai'. Les Chinois et les Vietnamiens l'employaient, associé à d'autres noms (par ex: Ai-Lao). Les Siamois l'utilisaient pour désigner les 'tai' des régions septentrionales». (Fin de citation).
Les autochtones s'appellent eux-mêmes Lao et c'est aussi le nom de leur langue. Alors pourquoi y a-t-il un "s" à la fin du nom officiel? Cela vient probablement d'une autre mauvaise transcription des administrateurs français qui ont indiqué sur leurs cartes géographiques «Royaume des Laos », ayant mis au pluriel le nom des habitants, puis c'est devenu «Royaume du Laos». En anglais politiquement correct, c'est bien toujours «Lao PDR ou People's Democratic Republic».
[crédit photo: jan-clod]
"Lane Xang" est le nom de la plus large avenue de Vientiane (des 'Champs Élysées' qui ont donc aussi leur Arc-de-Triomphe). Le Lane Xang (souvent traduit par «Million d'éléphants») était un royaume lao indépendant fondé par le prince Fa Ngum au 14ème siècle et dont la capitale fut Luang Prabang, pas très éloigné d'ailleurs du royaume du Lan-Na (Million de rizières) fondé par les Siamois au 13ème siècle, avec Chiangmai pour capitale.
A SAVOIR !
La monnaie locale est le kip. 100 bahts correspondent +/- à 28 000 kips (décembre 2007). Mais comme au Cambodge, les dollars (mieux que les euros) sont acceptés de préférence, ainsi que les bahts. Évitez d'acheter trop de kips, vous vous retrouveriez avec d'épaisses liasses peu aisées à manipuler.
[File d'attente dans la cour du consulat de Thaïlande à Vientiane]
Et si vous devez faire une demande de visa, la capitale du Laos constitue une option non négligeable. La «dura lex sed lex» [thaïlandaise] n'a pas que des inconvénients: elle permet à l'occasion de visiter les pays limitrophes du royaume de Siam et de joindre ainsi l'utile à l'agréable, voire de transformer une corvée en récréation.
Raymond Vergé
Le Monde diplomatique - Août 2008
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A partir du 5 janvier 2009, nouvelles coordonnées de la section consulaire de l'ambassade de Thaïlande:
No. 15,
Muang Si Sattanak,
Tel: (021) 214581 - 3 Ext. 600 - 601, (021) 453916, 415337
Fax: (021) 415336
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Les marchés de Vientiane
[Article de Maud Jäderholm, paru dans le Gavroche nº180 – Octobre 2009]
Dans la capitale laotienne, point d'hypermarché en vue ! Les habitants font principalement leurs courses aux marchés de leur quartier. Grouillants de monde dès l'aube, accumulant toutes sortes de produits allant des légumes frais en passant par les soieries destinées aux jupes traditionnelles (le Sin), aux piles de ventilateurs, téléviseurs et autres réfrigérateurs, ils valent vraiment une petite visite.
Le plus connu est sans aucun doute le Talat Tchao (marché du matin). En plein centre-ville, près de la gare routière, ce marché fait actuellement l'objet de grands travaux qui devraient aboutir dans deux ans à un véritable marché couvert. Pendant les travaux, on peut toujours se faufiler dans quelques allées où se trouvent tissus et soie des différentes provinces du Laos et quelques antiquaires proposant de jolies pièces. Les prix sont évidemment rarement affichés, mieux vaut donc s'armer de patience et négocier ferme pour obtenir un rabais intéressant.
Une partie du marché, déjà refaite et climatisée, ressemble au premier « shopping mall » de la capitale. Le week-end, la jeunesse du quartier s'y retrouve pour flâner et manger au « food center » du dernier étage où l'on déguste pour un prix dérisoire tout type de cuisine asiatique.
Un peu moins connu des visiteurs de passage, mais juste à côté du Talat Tchao, le Talat Kuedin, à droite de la gare routière, est également un immense marché toujours très fréquenté par les Laotiens. On y trouve vraiment de tout : vaisselle, linge de maison, électroménager, vêtements, soieries... Moins cher que le marché du matin, le Talat Kuedin est l'endroit parfait pour acheter sa ménagère si on vient de s'installer à Vientiane ou pour se faire faire un Sin à un prix abordable.
Du matin au soir.
Pour tout ce qui est hi-fi, vidéo, DVD, c'est au marché chinois qu'il faudra se rendre, dit aussi « marché du soir » même s'il ferme à 16 heures... La qualité ne sera pas au rendez-vous mais cela peut dépanner et les prix sont imbattables.
Pour les produits frais, plusieurs options sont envisageables. Le marché de l'Hôpital 103 sur la rue Lao-Thai, un peu plus excentré, est toujours plein de monde tôt le matin et jusqu'à la tombée de la nuit. Les étals de fruits et légumes sont magnifiques et les poissons vendus vivants dans des bassines sont excellents. Pour les plus aventureux, poulets, viandes de bœuf, de buffle ou de porc sont en vente mais non réfrigérés…
Autour du That Luang, le grand Stupa doré de Vientiane, plusieurs marchés offrent également des produits frais. Le samedi matin, sur l'esplanade, un marché de produits bio a un succès croissant. Pour y trouver les meilleurs fruits et légumes, mieux vaut s'y rendre avant 8 heures. Tous les soirs, près de l'esplanade s'ouvre également un marché ou plus exactement de petites échoppes de plats cuisinés à emporter. En se promenant entre les différents présentoirs, illuminés par des lampions, de délicieuses odeurs viendront vous titiller les narines et il sera dur de résister à une petite brochette de poulet ou une pâtisserie lao. La soupe de poulet fermier et le porc grillé à la broche y sont des valeurs sûres et l'ambiance y est vraiment très sympathique.
DE BENJAMIN PEYREGNE CI-DESSOUS
[PHA THAT LUANG]
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Les bords du Mékong à Vientiane - juin 2008
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Avenue Lane Xang en triporteur vers le Patuxai
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Vientiane: séance d'aérobics aux bords du Mékong
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Carnet de voyage : Asie du sud-est
Guillaume Duprat
VIET NAM-LAOS-THAILANDE-CAMBODGE
Été 2002. … voir le blog »
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Ci-dessous: Crédit photo ==> Valoche
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