Phetchaburi: comme un parfum d'Ayutthaya

Pour les Thaïlandais, la province de Phetchaburi a quelque chose de… très précis, en ce sens qu'elle leur rappelle la splendeur d'antan, mais elle est aussi étonnamment négligée par les touristes et résidents étrangers qui ne représentent que 20% des visiteurs. Les rois Rama IV (Mongkout), Rama V (Chulalongkorn) et Rama VI (Vachiravudh) y ont pourtant chacun construit leur palais d'été. C'est dire s'ils en ont apprécié le biotope. 

          Phetchaburi (aussi appelée Phetburi et/ou Meuang Phet) est une des plus vieilles cités de Thaïlande, et à ce titre, c'est un véritable livre ouvert sur la culture siamoise. Elle figure peu sur les guides touristiques mais apparaît sur les cartes dès le 13ème siècle.

          Située à 125 km au sud-ouest de Bangkok (+/- 2 heures de route), elle reste l'une des destinations les plus négligées du pays. Par les étrangers, du moins, car ceux-ci lui préfèrent les plages de Cha-am ou de Hua Hin, toutes proches.

          Qu'à cela ne tienne: lorsque vous serez fatigué de lézarder au soleil, faites donc une visite à celle qui est considérée comme une survivance d'Ayutthaya (mise à sac et ravagée par les Birmans en 1767, ndlr).

          Ses attraits sont multiples et capables d'intéresser les voyageurs les plus blasés. Pour vous faciliter la tâche, en voici une liste non-exhaustive: des palais émouvants, des temples somptueux, une urbanisation encore préservée (au milieu de laquelle coule une rivière, la Phetburi), des grottes impressionnantes (qui sont aussi des lieux de culte) et une nature souveraine (avec des aménagements comme le barrage de Kaeng Krachan), sans parler de la gastronomie locale.

         Bref, tout un programme avec, inévitablement, des… incontournables.

          A tout seigneur tout honneur: se dressant comme un phare au-dessus de la Phetkasem Road, le Phra Nakhon Khiri, également appelé Khao Wang (le palais sur la colline) fut construit sous les directives du roi Mongkut (Rama IV, 1851-1868) et devint résidence d'été en 1860, ce qui conféra à la ville son statut royal.

          On y peut monter à pied par un chemin bordé de frangipaniers, où rodent librement des singes facétieux, mais le funiculaire est plutôt recommandé. L'ensemble des bâtiments réunit des styles artistiques siamois, chinois et néo-classiques (occidentaux), ce qui fut une tendance spécifique du règne de Rama IV et qui se reflète dans le mobilier exposé au petit musée.

          Également révélateur des goûts très éclectiques de ce fascinant monarque : l'observatoire astronomique.


De ce belvédère, on découvre la ville, ainsi que la plaine, découpée de rizières et plantée de palmiers, qui s'étend à l'est vers le halo bleuté du golfe de Thaïlande. Vers l'ouest, les montagnes au loin forment une frontière naturelle avec le Myanmar (ex-Birmanie).

Le complexe royal, avec ses pavillons et ses temples, est ouvert à la visite tous les jours de 8h30 à 17h30. Prévoir une demi-journée.

          Le Phra Ram Rajaniwet, ou palais du roi Rama, se trouve au sud de la ville, dans le quartier militaire. Dessiné par un architecte allemand (Karl Dühring), c'est un magnifique bâtiment de style baroque qui rappelle le palais du Kaiser Wilhelm à Berlin. 

          Le roi Chulalongkorn (Rama V) en avait décidé la construction en 1910 pour y passer la saison des pluies. Il ne fut terminé qu'en 1916 (après sa mort), sous le règne de Rama VI (Vachiravudh). C'est un des plus beaux palais «modernes» du Siam. La décoration intérieure (très «art-nouveau») est rien moins que spectaculaire.

          Pièces principales à visiter: le grand hall circulaire, l'antichambre, la salle du trône, la salle à manger, le cabinet de travail, les chambres du roi, de la reine et celles des princes et princesses, la salle-de-bains et l'aire de badminton reconvertie en jardin. Horaires: de 8h30 à 17h. Les photos sont interdites à l'intérieur (tout comme au musée de Phra Nakhon Khiri).

          Le troisième palais royal se trouve non loin de la plage de Bang Kra, près de Cha-am, à une quarantaine de kilomètres au sud de Phetburi. C'est le Marukhathaiyawan (du sanskrit Mrigadayavan, évoquant le jardin des gazelles où le Bouddha donna son premier sermon).

          Le roi Vachiravudh (Rama VI) l'a dessiné lui-même, avec l'aide d'un architecte italien, Ercole Manfredi.

          La ville de Phetburi compte une trentaine de temples. La grandeur du royaume d'Ayutthaya se retrouve encore aujourd'hui dans certains de ces hauts lieux de la spiritualité bouddhique. 

          Le plus célèbre (et célébré) est le Wat Mahathat qui domine le centre de Phetburi avec son obélisque de 55 mètres de haut, flanqué de quatre tours de moindre taille et s'élevant au milieu d'un cloître aligné de statues du Bouddha.

On trouve des «Wat Mahathat» dans plusieurs villes de Thaïlande. C'est un peu l'équivalent des cathédrales, étant donné qu'ils ont un statut royal et sont supposés contenir une relique du Bouddha ou de l'un des ses disciples éclairés. 

On estime que celui de Phetburi a été fondé il y a plus de 800 ans. Il a donc une importance considérable du point de vue historique, artistique et spirituel.

Dans le hall principal, les murs sont couverts de magnifiques fresques inspirées de la mythologie bouddhique (mais certaines ont malheureusement subi les outrages du temps).

A noter les trois superbes statues (dorées!) du Bouddha, chacune sur un niveau différent, la plus grande mesurant 3,50m de hauteur. C'est un lieu de culte très fréquenté et qui continue de jouer un rôle prépondérant pour les bouddhistes pratiquants.

          Au nord-est de la ville, le Wat Yai Suwannaram, datant du 17ème siècle, présente une splendide collection de bâtiments richement décorés et fort bien proportionnés. 

          Ils ont servi de décors «naturels», pour ne pas dire authentiques, lors du tournage de la grande fresque historique intitulée «Sukhothai», une méga-production thaïlandaise.

Ils contiennent aussi de remarquables peintures murales. Malheureusement, elles ont souffert de l'humidité ces dernières années, mais elles donnent quand même une idée des peintures de la fin de la période Ayutthaya et sont maintenant les plus beaux exemples des icônes de cette époque fastueuse.

Elles montrent, entre autres, Indra (le roi des dieux), Brahma (le créateur) et des dieux inférieurs comme les «devas» et les «yakshas». Ceux-ci sont tous représentés à genoux et les mains jointes en adoration.

L'une des portes, toutes finement sculptées, porte encore la profonde marque du coup de hache d'un soldat birman.

Autre détail insolite: au milieu du bassin, une bibliothèque en bois sur trois piliers, conçue pour préserver les livres de la voracité des insectes. Tout l'ensemble est un véritable enchantement. Cet endroit hors du temps peut se visiter tous les jours.


          A environ 1 km au sud du Wat Yai Suwannaram se trouve le Wat Kamphaeng Laeng, un temple Khmer du 13ème siècle. Il n'est pas aussi impressionnant que les monuments Khmer du nord-est de la Thaïlande qui sont plus grands et mieux préservés, mais il ne manque pas d'intérêt architectural.

          Au milieu de restes des murs originaux, se trouvent un grand «prang» (obélisque) central et trois tours plus petites du même style mais plus ou moins en ruine. Le prang central contient une statue du Bouddha, alors que des décorations de stuc demeurent sur l'une des tours inferieures. En résumé, C'est un petit site émouvant.

          Au nord-est de la ville, une image inattendue de la mystique orientale vous attend dans la grotte de Khao Luang, à cinq kilomètres de la colline royale. Un escalier assez raide descend vers l'entrée de la caverne où l'on découvre une scène fascinante.

          En plus des stalagmites et stalactites, l'immense salle contient au moins deux cents statues du Bouddha qui dégagent une atmosphère religieuse hallucinante.

          Dans l'après-midi, Les rayons du soleil plongent à travers une ouverture de la voûte et produisent un éclairage magique qui retient les fumées d'encens en suspension. Une véritable expérience métaphysique.

            D'autres grottes-temples sont ouvertes au public tous les jours comme celles de Khao Bandai-it, Phrachao Suea et Phra Buddhasaiyat, au sud de la colline royale.

          Au cours des déplacements, dans plusieurs quartiers de la ville, on remarque encore un grand nombre de maisons traditionnelles thaïlandaises, en bois, sur deux niveaux, dans les ruelles et même les avenues, préservant ainsi le charme provincial de la petite cité.

          Le lundi se tient un marché de nuit devant l'entrée de la colline royale. C'est l'occasion de goûter aux spécialités locales comme le «khanom mo kaeng», une sorte de flan très sucré.

Et pour les fruits, Phetburi n'a rien à envier à Chanthaburi: le durian (roi des fruits et fruit des rois) pousse très bien dans la région.

          S'il vous reste un peu de temps, transportez-vous au barrage de Kaeng Krachan, dans le parc national du même nom, à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Phetburi.

          Ce parc fut crée en 1981. Avec ses 3000 km², c'est le plus grand de Thaïlande. Il a été déclaré comme faisant partie de l'«Asean Heritage» en 2006, une référence en la matière.

C'est un écosystème contenant une grande variété de faune et de flore. Le barrage est l'un des premiers de Thaïlande à être construit en terre.

Entouré de collines verdoyantes et sous des cieux éthérés, le lac qu'il forme dans sa retenue (45 km² de surface) offre un spectacle magnifique, variant suivant les saisons et les moments de la journée (on se croirait en Écosse ou en Irlande !).

Des croisières sont organisées, avec des escales sur les îles (car c'est une véritable petite mer intérieure).

Pour les lève-tôt, il est également possible de monter admirer la mer de nuages en se rendant au camp de Phanoen Thung, au sud du lac, sur le chemin menant à la cascade de Tho-thip.

Question logement, on trouve plusieurs «resorts» aux abords du parc national. Sinon il est bien sûr possible de trouver des hôtels en ville.

          Phetburi veut dire "cité de Diamant", en référence aux pierres que l'on trouvait jadis dans le lit de la rivière. Si elle brille moins désormais que les stations balnéaires de Cha-am et Hua Hin, elle mérite tout de même d'y faire un bref séjour qui peut se révéler très riche d'enseignements.

Raymond Vergé

 

Informations :

Tourism Authority of Thailand

500/51 Phetkasem Road

Cha-am, Phetchaburi – 76120

Tél.: 032-471-005/6

E-mail: tatphet@tat.or.th 

Point de chute possible:

Petchvarin Resort and Spa

248 Moo 11 Kladluang Thayang

Kaengkrachan Petchburi 76130

Tél.: 08–1763–4862 / 08–1926–0289 / 032-422-072

E-mail: sale@petchvarinresort.com

Site web: www.petchvarinresort.com


Le roi Rama V (Mongkout) figure sur le billet de 50 bahts


01/09/2008
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